L'expérience sensible

Ce numéro de L’Homme propose de renouer le dialogue interdisciplinaire entre l’histoire et l’anthropologie à partir de la notion de « sensibilité » entendue au sens large : celle-ci regroupe ainsi les divers sens extéroceptifs et intéroceptifs (ouïe et odorat, mais aussi kinesthésie et proprioception) ; les émotions, et tout le travail de régulation dont elles sont l’objet ; ainsi que les sentiments qui irriguent aussi bien les structures de parenté que les élans patriotiques, mais répondent aussi à une logique propre (culpabilité, nostalgie, acédie, etc.).

Traces de guerre

Ouvrage collectif sous la direction de Déborah Vanaudenhove Brosteaux et Thomas Berns

Andrea Cesalpino’s De Plantis libri XVI (1583) and the Transformation of Medical Botany in the 16th Century: Edition, Translation, and Commentary on Book I

Les seize livres sur les plantes d’Andrea Cesalpino sont un tournant de l’histoire de la botanique. Ils n’ont jamais été traduits. Le premier livre offre une perspective à la fois aristotélicienne et moderne sur le statut philosophique des plantes.

Apparences et dialectique : Un commentaire du Sophiste de Platon

Dans le Sophiste de Platon, un mystérieux étranger venu d’Élée entreprend de définir méthodiquement le rival le plus farouche du philosophe, le sophiste. Sa définition est cependant interrompue par une tentative de réfuter l’ontologie de Parménide...

From plant behavior to plant intelligence?

Over the past years, controversies about plant intelligence became featured in scientific journals in ecology and plant biology. Mainstream media and educational literature have also taken up the topic. Could plants be intelligent? Could it be true that they talk to each other, assist and defend each other, etc.? What is the scientific truth behind this idea of plant intelligence? Tackling the issue of intelligence in any organism requires us to study and theorize its behavior. Is the behavior of a plant more like the one of a machine? Or more like animal behavior? Or could some of its aspects even be like the human mind? The experimental results are difficult to interpret in a conceptual tradition focused on humans and animals. They entail a controversial – and sometimes unclear – methodological pluralism.

Au risque des effets. Une lutte à main armée contre la Raison ?

Et si notre époque était celle d’une lutte contre les routines de la pensée qui, au nom du rationalisme, font taire les cris du monde ? Une lutte dont les armes ne sont pas faites pour tuer, mais pour faire sentir ce que ces cris demandent de nous : un autre rapport à la vérité, qui ne nous protège pas de l’erreur, mais intensifie nos capacités de percevoir et de répondre. Ce livre entend reprendre et prolonger la pensée aventureuse de William James car les luttes d’aujourd’hui rencontreront le même type d’adversaire que ceux qui, hier, l’ont accusé de propager une pensée néfaste, hostile à toutes les exigences de la raison. Ce qu’il a appelé pragmatisme réduirait la vérité à ce qu’elle rapporte, célébrerait la confiance contre l’esprit objectif, donnerait aux effets de nos savoirs le pouvoir de les évaluer. Bref détruirait l’autorité que doivent pouvoir revendiquer ceux qui nous disent comment penser. Pourtant, et ce livre s’attache à le montrer, le monde est fait d’interdépendances, les individus sont ce qu’ils sont avec d’autres, grâce à d’autres, et au risque d’autres – humains et non-humains. Il s’agit alors d’apprendre à se laisser intriguer, ne pas supposer savoir d’avance ce qui est susceptible de participer à une manière d’être vivant, se défaire de l’ambition de remonter vers une définition générale, pour redonner au monde de l’épaisseur.

Baruj Spinoza: Tratado político

Último escrito, inconcluso, de Baruj Spinoza (1632-1677), el Tratado político es continuación de la Ética al aplicar a la política la ontología de esta obra mayor, radicalizando su inmanentismo para producir una teoría científica de la política. Siguiendo el impulso materialista de Nicolás Maquiavelo, Spinoza presenta una crítica del absolutismo monárquico y de la aristocracia. Al liberar lo político de la esfera religiosa, abre la posibilidad de pensar la identidad fundamental de política y democracia en un contexto secularizado.

Althusser et Spinoza. Détours et retours

Spinoza était un auteur dérangeant dans son siècle et le reste aujourd'hui. Sa pensée resurgit quand on la croit refoulée pour ébranler des certitudes dont celles du marxisme, qui a subi l’impact du spectre de Spinoza convoqué par Althusser.

M. Gueroult, La Critique de la raison pure de Kant

Ce volume est l’édition critique, par Arnaud Pelletier, d’un manuscrit inédit de Martial Gueroult conservé aux Archives du Collège de France, à savoir son cours sur la Critique de la raison pure de Kant.

Les biographies existentielles de Sartre. Thèmes, méthodes, enjeux

Sartre a consacré à des écrivains illustres quatre biographies qui appartiennent à l’histoire des idées plutôt qu’à celle de la littérature. Il y développe sa pensée et, à cette occasion, il dépasse, anticipe ou complète ses grands traités philosophiques. Ses études sur Baudelaire, Mallarmé, Genet et Flaubert constituent aussi des ateliers de réflexion qui puisent dans le champ des sciences de l’homme après 1945. C’est pourquoi les études rassemblées ici mettent autant l’accent sur les méthodes empruntées par Sartre à ses pairs qu’aux enjeux propres à sa pensée. Parce que son ambition était de déterminer « ce que l’on peut savoir d’un homme, aujourd’hui », on découvrira dans ces pages un Sartre au carrefour, entre autres, de la philosophie analytique, de l’herméneutique, de la psychanalyse, du matérialisme historique, de l’anthropologie culturelle française ou encore du féminisme.

Platon, Philèbe

Qu’est-ce que le bien? À cette question qui anime Socrate depuis les premiers Dialogues, Platon a consacré l’un de ses derniers textes : le Philèbe. Or loin des envolées de la République qui faisaient de l’idée du bien la source de la connaissance et de l’être, le bien est ici rapporté à une certaine sorte de vie, une vie qui fait leur place aux plaisirs. Platon serait-il devenu pragmatique? Annoncerait-il Aristote? Ou le Philèbe ne nous pousse-t-il pas plutôt à considérer que la question du bien est complexe et qu’il convient de la prendre dans ses différentes dimensions, en rapport tant au bonheur qu’à l’être et à la connaissance?

Un autre monde possible

Cet ouvrage invite à une lecture critique de la philosophie de Gilles Deleuze en reconstituant le système perspectiviste qui le sous-tend. La thèse qui est défendue est qu'on ne peut comprendre le « perspectivisme » deleuzien qu'au regard de sa théorie de la « structure Autrui », c'est-à-dire de son analyse des interactions avec l'autre. C'est le cas des premiers écrits de Deleuze, marqués par l'influence de Sartre et de Ferdinand Alquié, jusqu'à des textes plus tardifs, coécrits avec Félix Guattari.

La naturaleza como acontecimiento: El señuelo de lo posible

Traducción de Román Suárez, Laureano Ralón Hemos ingresado a una nueva era de la naturaleza. ¿Qué queda de las fronteras del pensamiento moderno que separaban lo viviente de lo inerte, la subjetividad de la objetividad, lo aparente de lo real, el valor de los hechos, y lo humano de lo no humano? ¿Acaso pueden las grandes oposiciones que presidían la invención moderna de la naturaleza conservar su coherencia? En La naturaleza como acontecimiento, Didier Debaise argumenta que hacen falta nuevas narrativas y cosmologías para rearticular lo que hasta ahora permanecía separado. Siguiendo a William James y a Alfred North Whitehead, Debaise nos presenta una manera pluralista de abordar la naturaleza. ¿Qué sucedería si le atribuimos subjetividad y potencialidad a todos los seres, tanto humanos como no humanos? ¿Por qué no podríamos pensar la dimensión estética y afectiva como el tejido que enlaza todo lo que existe? ¿Y qué tal si los sentidos de importancia y de valor no fuesen entendidos ya como exclusivamente limitados a lo humano? Traducción a cargo de Laureano Ralón y Román Suárez.

Ethique de la communication et de l'information

En interrogeant l'ubiquité de la communication depuis son déploiement technologique et la réalité technique depuis sa puissance communicationnelle, cet ouvrage pose la question éthique et se confronte au fait que la communication serait désormais l'unique horizon éthique et les techniques qui lui sont inhérentes la condition de toute action.

L'éristique : Définitions, caractérisations, historicité

L’éristique demeure un sujet de controverse. Dès l’Antiquité, les experts ne s’entendaient pas sur son statut épistémologique. Est-elle une forme de sophistique, comme le suggère Platon, ou une propédeutique à la philosophie, comme le laisse entendre Isocrate ? En quoi se distingue-t-elle de la dialectique, plus précisément de l’antilogique éléatique ? Ses origines sont également un sujet de discorde. Protagoras apparaît comme son inventeur le plus probable ; pourtant, on ne retrouve aucune occurrence du terme dans les textes antérieurs au ive siècle avant notre ère. Qu’est-ce que l’éristique ? En quoi consiste-t-elle et quels éléments ont contribué à son développement ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles les contributeurs du présent volume ont cherché à répondre, offrant ainsi la première étude systématique de ce mouvement philosophique encore mal connu.

Philosophie du Végétal. Botanique, épistémologie, ontologie

Avec des textes de : A. Arber, A. Cesalpino, E. Clarke, E. Coccia, Fatima Cvrčková, L. Errera, H. Lipavská, M. Marder, J. Offray de La Mettrie, S. Pouteau, Théophraste, A. Trewavas, V. árský.

Philosophy of Language in the Brentano School.

This collection of fourteen original essays addresses the seminal contribution of Franz Brentano and his heirs, to philosophy of language. Despite the great interest provoked by the Brentanian tradition and its multiple connections with early analytic philosophy, precious little is known about the Brentanian contribution to philosophy of language. The aim of this new collection is to fill this gap by providing the reader with a more thorough understanding of the legacy of Brentano and his school, in their pursuit of a unique research programme according to which the analysis of meaning is inseparable from philosophical inquiries into what goes on in the mind and what there is in the world.

Sapience. Des transformations de la sagesse dans la philosophie moderne

Le mot de sagesse a déserté la philosophie aujourd’hui.Dès le XVIIIe siècle, Kant note que « personne ne s’enquiert de la sagesse ». On imagine alors que la modernité avant lui se lit comme la chronique d’une relégation annoncée de la sagesse, tombée en désuétude après avoir été contestée de l’extérieur par les sciences ou la religion, et de l’intérieur par la philosophie elle-même. Mais ces contestations parallèles indiquent précisément que la question de la sagesse s’est maintenue – fût-ce pour restreindre, transformer ou exiler celle-ci hors de la philosophie.Les contributions réunies dans ce volume examinent ainsi certaines de ces résistances et de ces transformations (chez Hobbes, Pascal, Spinoza, Leibniz, Baumgarten, Kant, la philosophie shi’ite du XVIIe siècle, la Schulmetaphysik allemande ou les encyclopédistes français).

Trajectoires intensives. Penser les circonstances du réel avec Étienne Souriau

L'expérience de l'intensité nécessite de prêter attention aux mouvements que les choses font, de se demander par quoi est-ce nous sommes traversés, à quoi donnons-nous suite et comment le faisons-nous ?

Vom Reiz des Möglichen.Natur als Ereignis

Noch immer verstehen wir die Natur im Zeichen ihrer modernen „Bifurkation“, einer Gabelung, wie sie der Philosoph Alfred North Whitehead beschrieb. Die Natur ist von Spaltungen durchzogen: zwischen primären und sekundären Qualitäten, aber auch zwischen Lebendigem und Totem, Subjektivität und Objektivität, Schein und Wirklichkeit, Werten und Tatsachen, Menschlichem und Nichtmenschlichem. Doch können diese großen Gegensätze, die einst die moderne Erfindung der Natur prägten, ihren Anspruch auf Geltung auch heute noch behaupten?

La méthode de division de Platon à Erigène

La méthode platonicienne de division a souvent été jugée sévèrement par les commentateurs modernes. Pourtant, dans l’Antiquité et au début du Moyen Âge, cette méthode a été prise au sérieux par de nombreux philosophes issus de courants divers, tantôt certes pour la critiquer, mais tantôt également pour se la réapproprier en l’adaptant au contexte de leur propre pensée. Ils l’appliquèrent à des domaines aussi variés que la zoologie, l’éthique, l’épistémologie, l’ontologie et la théologie, et ce qui pouvait de prime abord paraître un simple outil dialectique devint un puissant instrument philosophique, allant jusqu’à s’identifier, chez Jean Scot Érigène, au mode de fonctionnement de la pensée divine créatrice.L’histoire de cette réception n’avait encore jamais été écrite. Le présent volume cherche à combler cette lacune en insistant sur ses moments les plus remarquables.

Du comportement végétal à l'intelligence des plantes ?

Le livre est téléchargeable gratuitement en open-access (en pdf) ou commandable en version papier à l'adresse ci-dessus.

Littéralité du pas. André du Bouchet

André du Bouchet n’écrit pas de poèmes. Il dit autant qu’il le peut la poésie. Quel autre moyen de la dire, plus franc, plus proche, plus fidèle et plus difficile que la poésie même ? Quel autre moyen qu’une parole qui s’excepte des liens de langue impensés et qui revient, comme un retour sur son pas, sur soi, posant, dans l’implicite, toujours la même question : qu’est-ce que parler ? Tenter de dire poétiquement la poésie, c’est rendre la poésie intérieure à soi, seule attitude proprement cohérente. Est-on poète ? Rarement. Parfois, quand survient une ouverture au langage qui, entre les mots et avec eux, s’aperçoit par les jours de la trame, cependant, de leur écriture.

Penser l'évolution Nietzsche, Bergson, Dewey

Par-delà leurs différences, Nietzsche, Bergson et Dewey accordent une importance stratégique majeure à l’évolution du vivant. Très tôt, ils cherchent à exploiter l’ensemble des potentialités qui pourraient découler de la révolution darwinienne. Sans hésiter à intervenir et à prendre parti dans les débats biologiques de leur temps, ils s’appuient sur ceux-ci pour nourrir leurs propres entreprises philosophiques. L’évolution des espèces devient chez eux le moyen de repenser celle de la réalité dans son ensemble, d’initier de nouvelles relations aux sciences, de restaurer la force de proposition de la philosophie et de mettre celle-ci au service de l’action et de l’expérimentation. C’est cette double relation – dialogue avec le darwinisme et les sciences du vivant, usages philosophiques de l’évolution biologique – que les contributions qui forment cet ouvrage se proposent d’explorer.

Réactiver le sens commun. Lecture de Whitehead en temps de débâcle

Opposer les scientifiques à un « public prêt à croire n’importe quoi » – et qu’il faut maintenir à distance – est un désastre politique. « Ceux qui savent » deviennent les bergers d’un troupeau tenu pour foncièrement irrationnel. Aujourd’hui, une partie du troupeau semble avoir bel et bien perdu le sens commun, mais n’est-ce pas parce qu’il a été humilié, poussé à faire cause commune avec ce qui affole leurs bergers ? Quant aux autres, indociles et rebelles, qui s’activent à faire germer d’autres mondes possibles, ils sont traités en ennemis.Si la science est une « aventure » – selon la formule du philosophe Whitehead –, ce désastre est aussi scientifique car les scientifiques ont besoin d’un milieu qui rumine (« oui… mais quand même ») ou résiste et objecte. Quand le sens commun devient l’ennemi, c’est le monde qui s’appauvrit, c’est l’imagination qui disparaît. Là pourrait être le rôle de la philosophie : souder le sens commun à l’imagination, le réactiver, civiliser une science qui confond ses réussites avec l’accomplissement du destin humain.Depuis Whitehead le monde a changé, la débâcle a succédé au déclin qui, selon lui, caractérisait « notre » civilisation. Il faut apprendre à vivre sans la sécurité de nos démonstrations, consentir à un monde devenu problématique, où aucune autorité n’a le pouvoir d’arbitrer, mais où il s’agit d’apprendre à faire sens en commun.

The Reception of Plato’s ›Phaedrus‹ from Antiquity to the Renaissance

This volume explores the tremendous influence of Plato’s Phaedrus on the philosophical, religious, scientific and literary discussions in the West. Ranging from Plato’s first readers, over the Church Fathers and the Platonic commentators, to Byzantine and Renaissance thinkers, the papers collected here introduce the reader to the first two millennia of the dialogue’s reception history. Thirteen contributions by both junior and established scholars study the engagement with the Phaedrus by such major figures as Aristotle, Galen, Origen, Clemens of Alexandria, Plotinus, Augustine, Proclus, Psellus, Ficino, Erasmus, and many others. Together, they cover the wide range of topics discussed in the dialogue: the value of myth and allegory, religion and theology, love and beauty, the soul and its immortality, teaching and learning, metaphysics and epistemology, rhetoric and dialectic, as well as the role and the limits of writing. By placing the dialogue in this broad perspective, the volume will appeal to readers interested in the Phaedrus itself, as well as to classicists, literary theorists, and historians of philosophy, science and religion concerned with the dialogue’s reception history and its main protagonists.

L'expérience de la liberté

Quel est le sens d’une expérience de la liberté s’il est vrai qu’elle ne pourrait être empirique ? Pour mettre en lumière l’expérience phénoménologique de la liberté, ce livre s’interroge d’une part sur les rapports entre phénoménologie et métaphysique, et d’autre part sur les rapports entre phénoménologie et philosophie politique. Robert Legros, prenant appui sur des textes de Heidegger, Arendt, Levinas, Castoriadis, Lefort, Janicaud et Richir, montre ici qu’en se rapportant à une expérience humaine de la liberté, la phénoménologie peut introduire à une philosophie politique qui met en question le relativisme et le multiculturalisme.

La guerre des philosophes

La guerre peut-elle être un objet de la philosophie ?Si la réalité guerrière obsède les philosophes, elle leur oppose néanmoins une résistance permanente. En parcourant les représentations de la guerre produites de Platon à Clausewitz, et en mettant à nu les stratégies constantes et les impensés qui les sous-tendent, on constate que le philosophe n’a cessé de manquer un enjeu guerrier qu’il ne peut toucher qu’en le neutralisant. Quelques figures à la fois persistantes et exclues de ces philosophies de la guerre – l’esclave, le pirate, le colonisé… – , de même que des pratiques philosophiques restées plus marginales – la pensée romaine, le matérialisme machiavélien, la déconstruction… –, permettent cependant de bousculer ce discours neutralisant et, ce faisant, de révéler une certaine compromission de la philosophie dans la guerre.

La violence narrative En quête d'une réforme constructive des rapports humains

La présence massive de la violence sur notre planète n’a cessé d’interpeller les chercheurs, alors qu’aucune analyse rendant compte de toutes ses manifestations n’a été élaborée. Cette absence est due à l’idée que la violence concerne surtout le corps et la force physique pour dominer, tuer, détruire ou endommager, concrétisée par des actes qui provoquent des douleurs corporelles et des souffrances psychiques. Cette thèse fait rarement allusion à la violence narrative qui, d’une part, agitd’une façon performative dans les dialogues, par la menace, la colère ou l’incitation à la violence, et, d’autre part, raconte la violence par une variété de récits et d’images, impliquant des souffrances morales, lesquelles expriment les violences ou les causent. Or la narration fait également état de violences au moyen de la fiction, parfois sans aucun rapport au réel, conférant à la violence le statut d’un schème, – un modèle empirique utilisé de façon déréalisée et fonctionnelle –, créant un monde imaginaire, qui produit un nombre illimité de narrations.

Philosophie du végétal

Le dernier volume des Annales de l’institut de philosophie de l’université de Bruxelles est consacré à la Philosophie du végétal:Bien que centrales dans nos vies dont elles sont des conditions absolues d’existence, les plantes ont très peu occupé l’esprit des philosophes classiques. Depuis quelques années, cependant, l’étude des plantes révèle des processus inconnus de communication, de reproduction, de régénération, pour n’en citer que quelques-uns, qui nous invitent à repenser la vie, la mort, l’individu, l’espèce, voire l’« intelligence » ou la « conscience » que certains appliquent de plus en plus ouvertement aux végétaux. Plus qu’une critique stérile de l’anthropomorphisme et de l’universalisme réducteurs, une philosophie du végétal est un véritable moteur pour la création de nouvelles formes intellectuelles et pour réfléchir les enjeux technoscientifiques, environnementaux et éthiques de notre rapport à la nature. Sans dessiner une ligne directrice unique, ce volume contribue à élargir un nouveau champ d’interrogations et de recherches. Ce volume réunit les textes d’un botaniste, d’une généticienne des populations végétales, d’historiens de la botanique et de philosophes qui, tous, pensent que la philosophie peut être utile à la botanique, et réciproquement.

Aristote et la nécessité

Au sein de l’œuvre immense d’Aristote, le concept de nécessité joue un rôle central, mais il apparaît dans des contextes si différents et sous des formes si diverses qu’il est difficile d’en saisir l’unité. Il détermine tantôt une proposition ou un prédicat, un raisonnement ou sa conclusion, un principe ou l’objet même de la science, et tantôt un processus ou un devenir, un être ou l’un de ses aspects, ou encore une action. Logique, physique, métaphysique et même éthique, la nécessité peut être absolue, hypothétique ou contraignante; envisagée comme condition de la science, elle présente des connotations positives, mais au contraire négatives si l’on croit déceler en elle une menace de déterminisme.L’auteur ne se propose pas seulement de montrer qu’il existe néanmoins un lien étroit entre les multiples analyses de ce concept, son but est plus ambitieux. Car c’est la cohérence profonde de la pensée aristotélicienne dans son ensemble qui se dégage au long d’un parcours patient et rigoureusement argumenté, justifiant ainsi le choix du problème de la nécessité comme fil conducteur. Et la conclusion est assez étonnante : la philosophie d’Aristote se révélerait beaucoup moins empiriste qu’idéaliste en ce sens qu’elle fait de la pensée le principe ultime de la connaissance, de l’être et du bonheur.

Christian Wolff's German Logic. Sources, Significance and Reception

Published in 1713, Christian Wolff’s so-called German Logic is one of the most popular and most discussed books in eighteenth-century German philosophy. Generations of students have learned philosophy through this textbook, which played a central role in the invention of the so-called “Leibnizo-Wolffian philosophy”, and thus in the controversies that opposed Wolffians to anti-Wolffians in the first half of the century. This volume gathers studies addressing its context (particularly as regards the definition of philosophy, the notion of invention or the way in which the book shaped an enduring but ill-formed picture of Leibniz), its major developments (on experience, hypothesis or error) and some aspects of its (controversial) reception by Müller, Baumgarten and Kant. These studies show how Christian Wolff’s very first book-length philosophical publication, though largely ignored today, has actually shaped the lexicon and numerous issues of the philosophical German Enlightenment.

Kant, Principes métaphysiques de la science de la nature. Suivis de Premiers articles sur la physique de la terre et du ciel

Les sciences de la nature, qui étudient mathématiquement les différentes propriétés de la matière, ont-elles besoin de métaphysique? A Newton qui affirmait fameusement ne pas faire d’hypothèse, Kant répond un siècle plus tard que l’application des mathématiques aux phénomènes de la nature n’est possible qu’en présupposant un certain concept de matière. La tâche des Principes métaphysiques de la science de la nature (1786) est ainsi d’expliciter l’impensé de la physique en proposant « une décomposition complète du concept d’une matière en général ».Cette nouvelle traduction des Principes est accompagnée de la première traduction française des articles de jeunesse de Kant sur la physique de la Terre et du Ciel, où s’enracine son intérêt pour la question de la matière : Kant y avance « en tant que physicien » et y formule des découvertes parfois ignorées.

Mis à jour le 4 juillet 2023